Baisse de la dépense en soins dentaires : une tendance en trompe l’œil ?
Assurance maladie : dépense en soins dentaires en avril 2024
L’Assurance maladie a annoncé fin mai une diminution des dépenses de soins dentaires de 5,6% en avril 2024 par rapport à avril 2023. Cette tendance à la baisse conforte celle observée depuis le début de l’année, puisque les remboursements dentaires de la part de l’Assurance maladie ont diminué de près de 7% sur les 4 premiers mois de l’année.
Cette baisse n’est malheureusement pas liée à un effort de sobriété de la part des professionnels de santé concernés ou par le bénéfice des campagnes de prévention bucco-dentaire. Elle s’explique tout simplement par la diminution du ticket modérateur de 70 à 60% : si l’assurance maladie obligatoire diminue sa part de participation dans la dépense de soins dentaires, les assureurs complémentaires et le patient prennent en charge le reste de la dépense.
Pour rappel, ce sont les assureurs complémentaires qui prennent en charge la majeure partie du remboursement des soins dentaires (45,1% de taux de prise en charge en 2022, contre 42% pour la sécurité sociale).
Une approche utile permettant d’apprécier l’évolution de la dépense en soins dentaires, consisterait donc à aborder la progression quantitative de différentes modalités de traitement (soins conservateurs, orthodontie, prothèse) dans le temps plutôt que de parler de tendances de remboursement du régime général. Une approche proposée par la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) dans son rapport annuel sur les dépenses de santé (voir, par exemple, p. 10 du rapport 2022 de la DREES).
Pour rappel, la dépense en soins dentaire n’a fait qu’augmenter depuis plus de 10 ans, notamment portée par la réforme du 100% santé (facilitation de l’accès aux soins par une diminution du reste à charge pour les patients), un vieillissement de la population (les personnes âgées de plus de 60 ans représentant une grande partie de la patientèle d’un chirurgien-dentiste), une démographie professionnelle en hausse et le développement quasi-exponentiel des centres dentaires.
Pour conclure, il est peu probable que la dépense totale en soins dentaires (= dépense de l’Assurance maladie obligatoire, des complémentaires et des patients) ait réellement diminuée en avril 2024. Il convient d’attendre la publication du rapport annuel de la DREES pour en savoir davantage à ce sujet.
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